mercredi 21 janvier 2009, par Anthony Boccaletti & Pierre Baudoz
Une nouvelle gĂ©nĂ©ration de tĂ©lescopes gĂ©ants est actuellement en phase d’Ă©tude et devrait voir le jour Ă l’horizon 2018 – 2020. Ces Extremely Large Telescopes (ELT) sont, bien entendu, propices Ă l’imagerie directe d’exoplanètes puisqu’ils permettront d’augmenter la rĂ©solution angulaire de façon significative. EPICS est un des instruments proposĂ©s par l’ESO pour l’ELT EuropĂ©en et pourrait ĂŞtre un instrument de première gĂ©nĂ©ration. L’Ă©tude des systèmes planĂ©taires et idĂ©alement de planètes rocheuses est reconnue comme un objectif astrophysique prioritaire pour cet ELT. Un concept prĂ©liminaire du tĂ©lescope gĂ©ant (42m de diamètre segmentĂ©) sera connu en 2009 Ă l’issue de la phase B. Parallèlement, des Ă©tudes conceptuelles (phase A) ont dĂ©marrĂ© en 2008 sur les instruments focaux dont EPICS.
EPICS reprend des objectifs similaires à SPHERE mais en se focalisant sur des planètes de plus faibles masses ou moins brillantes.
Quatre classes de planètes sont identifiées comme objectif prioritaire :
– les planètes gĂ©antes dans les associations jeunes d’Ă©toiles dans le but de dĂ©terminer la frĂ©quence initiale et la distribution de masse des planètes
– les planètes géantes matures orbitant autour de leur étoile à des séparations plus grandes que 5 UA dans le voisinage solaire (<20pc)
– les planètes géantes chaudes ou jeunes découvertes précédemment pour affiner leur caractérisation
– les planètes rocheuses massives autour des étoiles proches (<10pc) et idéalement dans la zone habitable (pour des étoiles situées à moins de 4pc). Ces Super Terres deviennent maintenant détectable avec des méthodes indirectes.
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, il faudra amĂ©liorer les performances d’un facteur 10 Ă 100 par rapport Ă SPHERE.
Une analyse basĂ©e sur des hypothèses prĂ©liminaires (performances de l’instrument, distribution des planètes) montre qu’EPICS pourrait atteindre ces objectifs.
Rapport d’intensitĂ© planète/Ă©toile en fonction de la sĂ©paration angulaire pour une population de planètes connues (points colorĂ©s) comparĂ© au contraste atteint par SPHERE (ligne continue) et EPICS (ligne en tirets). Les planètes dĂ©jĂ dĂ©tectĂ©es par vitesses radiales sont donc potentiellement dĂ©tectables avec EPICS. crĂ©dits consortium EPICS.
Sur le plan instrumental, le concept d’EPICS, qui reste très prĂ©liminaire, se base sur l’expĂ©rience de SPHERE en reprenant les Ă©tapes principales c’est Ă dire :
L’optique adaptative sera nĂ©cessairement plus complexe que celle de SPHERE car on vise un niveau de correction Ă©quivalent mais sur un tĂ©lescope dont le diamètre est 5 fois plus grand. L’impact de la turbulence est donc plus important. Il faut donc corriger plus vite et mieux. Deux concepts d’analyseur de surface d’onde ont Ă©tĂ© comparĂ©s et le choix se porte vers un analyseur pyramide.
D’autre part, pour que l’imagerie diffĂ©rentielle combinĂ©e Ă la coronographie soit efficace, on sait qu’il faut rĂ©duire de façon significative les aberrations diffĂ©rentielles mais Ă©galement et surtout les aberrations statiques en amont du coronographe. Pour cela il faudra concevoir des systèmes d’imagerie diffĂ©rentielle sans aberration, et deux concepts de spectrographe intĂ©gral de champ sont en cours de comparaison. La correction des aberrations statiques communes est primordiale et l’on envisage un analyseur en plan focal (contrairement au système d’optique adaptative) qui permettra de mesurer les dĂ©fauts directement sur l’image Ă©liminant ainsi les problèmes de trajet diffĂ©rentiel.
Comme pour SPHERE, une voie visible bĂ©nĂ©ficiant d’une correction moyenne mais d’une rĂ©solution angulaire très Ă©levĂ©e est Ă©galement proposĂ©e pour tirer partie de l’augmentation de lumière rĂ©flĂ©chie par une planète proche de son Ă©toile.
Au LESIA l’activitĂ© se focalise sur le dĂ©veloppement d’un nouveau type de coronographe exploitant la combinaison de plusieurs coronographes 4 quadrants ce qui permet une attĂ©nuation achromatique de l’Ă©toile. Ce 4QPM multiple a dĂ©jĂ Ă©tĂ© testĂ© avec succès (voir figure suivante). L’objectif est de concevoir maintenant un système plus compact et aussi continuer le prototypage vers l’infrarouge. Le M4QPM fonctionne sur une gamme de longueur d’onde plus large que le 4QPM et est aussi moins sensible Ă certains paramètres.
Chaque Ă©tage comprend un masque 4QPM et un diaphragme (Baudoz et al. 2007).
Les contrastes atteignent 10-7 Ă 10-8 dans une zone très proche de l’Ă©toile.
D’autres coronographes sont considĂ©rĂ©s pour EPICS. Un important travail de simulation numĂ©rique a Ă©tĂ© menĂ© pour Ă©valuer les performances de chaque coronographe en fonction de plusieurs paramètres. Un exemple est montrĂ© sur la figure suivante.
Le graphe montre un niveau de contraste (par rapport Ă l’Ă©toile) en fonction de la distance Ă l’Ă©toile en unitĂ© de rĂ©solution angulaire (lambda/D). Les diffĂ©rentes courbes correspondent Ă diffĂ©rents paramètres qui influencent le niveau de dĂ©tection.
La deuxième activitĂ© du LESIA concerne le dĂ©veloppement d’un analyseur plan focal permettant de calibrer et donc corriger les dĂ©fauts rĂ©siduels après le coronographe. Le concept repose sur celui de la "Self Coherent Camera" (Baudoz et al. 2006) qui consiste Ă produire dans le plan du dĂ©tecteur une interfĂ©rence entre l’image elle-mĂŞme et un faisceau de rĂ©fĂ©rence exempt de toutes aberrations et de l’image de la planète. Ce faisceau de rĂ©fĂ©rence est en fait fabriquĂ© Ă partir de l’image et va donc interfĂ©rer avec celle-ci, alors que l’image de la planète ne pourra pas interfĂ©rer avec la rĂ©fĂ©rence. Un traitement d’image particulier est alors nĂ©cessaire pour rĂ©vĂ©ler la planète. Les performances de ce concept ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es par simulation (Galicher et al. 2008) et une dĂ©monstration de laboratoire est en cours de dĂ©veloppement.
La SCC fabrique un faisceau de rĂ©fĂ©rence (en noir) et le fait interfĂ©rer avec le faisceau scientifique (en rouge). Dans l’image finale les rĂ©sidus stellaires sont codĂ©s et doivent ĂŞtre dĂ©codĂ©s par un algorithme particulier pour les distinguer d’une planète.
La SCC permet de mesurer les aberrations et de les corriger Ă un niveau compatible avec le niveau d’intensitĂ© d’une planète. Ici la zone de correction est limitĂ©e Ă 16 fois la rĂ©solution angulaire du tĂ©lescope. (voir Galicher et al. pour plus de dĂ©tails).
Noms | Responsabilités | ||
Anthony Boccaletti | scientifique | ||
Pierre Baudoz | scientifique | ||
Jacques Baudrand | prototypage + optique | ||
Raphaël Galicher (thésitif) | Prototypage et simulations numériques | ||
Patrice Martinez (postdoc ESO) | simulations numériques | ||
Marion Mas (thésitive) | Prototypage et simulations numériques | ||
François Assémat (postdoc) | prototypage et mesures | ||
Olivier Dupuis | mécanique et intégration | ||
GĂ©rard Rousset | scientifique |