jeudi 9 décembre 2021, par Anthony Boccaletti
Le LESIA a contribué à l’étude et à la réalisation d’un ensemble de coronographes stellaires installés dans l’instrument moyen-infrarouge du télescope spatial JWST (James Webb Space Telescope) et destinés principalement à l’imagerie des systèmes exoplanétaires.
Le James Webb Space Telescope est un observatoire spatial, c’est à dire un télescope équipé de plusieurs instruments d’imagerie ou de spectroscopie permettant de couvrir une gamme spectrale très large du visible (0.6 micron) jusqu’à l’infrarouge moyen (28 microns). Le JWST possède un miroir de 6.6m segmenté et déployable. Le satellite décrira une orbite autour du point de Lagrange L2, situé à 1.5 millions de km de la Terre dans la direction anti-solaire. Le lancement du JWST est actuellement prévu pour le 22 décembre 2021.
Contrairement au Hubble Space Telescope, le JWST est optimisé pour l’infrarouge, ce qui lui permettra par exemple d’observer les premières galaxies de l’Univers, de comprendre la naissance des étoiles et d’étudier les atmosphères d’exoplanètes. Il inclut quatre instruments dont l’instrument européen MIRI (Mid-IR Instrument) qui observe dans la bande spectrale de 5 à 28 microns.
MIRI est un ensemble comprenant un imageur grand champ, des coronographes, un spectromètre basse résolution et un spectromètre moyenne résolution intégral de champ. L’instrument a été développé à travers un partenariat entre la NASA et l’ESA. Le consortium européen est responsable de toute la partie opto-mécanique, alors que la NASA a fourni les détecteurs infrarouges. L’équipe française est dirigée par le CEA/Saclay, auquel s’ajoute l’Institut d’Astrophysique Spatiale (IAS) à Orsay, le LESIA, et le Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (LAM). Le financement est assuré par le CNES.
Notre équipe au LESIA avait en charge la fourniture des coronographes et la définition du programme d’imagerie d’exoplanètes. La fonction d’un coronographe est d’atténuer ou de supprimer le flux d’un objet très brillant (une étoile par exemple) afin d’observer son environnement proche peu lumineux (une exoplanète par exemple). La séparation angulaire entre une étoile et son système planétaire étant très petite, l’utilisation de coronographes classiques à pastille de Lyot n’est pas adaptée. Une nouvelle génération de coronographes de phase à 4 quadrants a été mise au point et étudiée par une équipe de chercheurs menée par D. Rouan. Ces coronographes appelés 4QPM (Four-Quadrant Phase Masks) permettent d’atténuer le flux de l’étoile et d’observer des objets angulairement très proches. En centrant l’image d’une étoile sur un 4QPM, l’énergie diffractée est rejetée en dehors de la pupille géométrique du système. Un diaphragme placé dans le plan pupille permet de bloquer le flux de l’étoile. En revanche une planète angulairement proche de l’étoile ne sera pas centrée sur le 4QPM et ne subira pas cet effet. Une grande partie de son flux passera par la pupille géométrique sans être bloquée par le diaphragme.
L’imageur MIRIM comprend un ensemble de quatre coronographes permettant l’étude :
Les coronographes sont situés au plan focal du JWST, à l’entrée de l’instrument MIRIM. Ils sont composés de 3 masques de phase monochromatiques type 4QPM et d’un masque de Lyot. Les 3 masques de phase fonctionnent à 10.65 microns, 11.4 microns et 15.5 microns respectivement alors que le masque de Lyot fonctionne à 23 microns. L’ensemble des masques coronographiques est intégré dans une structure mécanique unique. Pour éliminer la diffraction résiduelle après les masques coronographiques, des diaphragmes sont associés à chaque masque et positionnés en pupille dans la roue à filtre de MIRIM.
L’Ă©quipe du LESIA a dĂ©veloppĂ© un simulateur numĂ©rique des coronographes de MIRI permettant d’Ă©valuer les performance de l’instrument. On montre ci-dessous des images simulĂ©es de quelques systèmes exoplanĂ©taires emblĂ©matiques (HR8799, GJ 504, AU Mic). Ces simulations donnent Ă©galement une estimation du contraste que l’on pourra atteindre autour de l’Ă©toile pour chercher de nouvelles planètes.
L’Ă©toile est entourĂ©e de 4 planètes gĂ©antes (seulement 3 sont visibles ici, HR8799 b, c et d). Boccaletti et al. 2015
L’Ă©toile est entourĂ©e d’une naine brune (Gj 504b). Boccaletti et al. 2015
Contraste par rapport Ă l’Ă©toile et en fonction de la sĂ©paration. Le niveau attendu est indiquĂ© par la courbe en tirets rouges. Les niveaux de contraste pour diffĂ©rentes types planètes est matĂ©rialisĂ© par des croix de diffĂ©rentes couleurs en fonction de leur taille/tempĂ©rature.
Nom | Responsabilité | ||
Anthony Boccaletti | Responsable scientifique | ||
Jean-Michel Reess | Chef de projet | ||
Pierre Baudoz | Scientifique | ||
Daniel Rouan | Scientifique | ||
Jacques Baudrand | Optique | ||
Olivier Dupuis | Mécanique et intégration | ||
Napoléon Nguyen Tuong | Mécanique | ||
JĂ©rĂ´me Parisot | Bancs de tests | ||
Claude Collin | Réalisation mécanique | ||
Christine Balsamo | Administration et commandes |