vendredi 16 décembre 2016, par Antonella Barucci et Jean-Michel Reess
MarcoPolo-R est une mission dont l’objectif principal est le retour d’échantillons d’un objet géocroiseur. Cette mission mettra une sonde en orbite autour d’un astéroïde primitif. Elle le caractérisera scientifiquement à plusieurs échelles avant d’effectuer une collecte d’échantillons qui seront ramenés à Terre. Elle contribuera ainsi à mieux comprendre l’origine et l’évolution du système solaire, de la Terre et de la vie. Par ailleurs elle fournira des informations importantes concernant les collisions d’astéroïdes (pertinentes pour étudier les risques d’impact avec la Terre) et la possibilité future d’utilisation de ressources de l’espace.
MarcoPolo-R est une mission de retour d’échantillons d’un astĂ©roĂŻde gĂ©ocroiseur primitif (NEO : Near Earth Object). ProposĂ©e par Antonella Barucci du LESIA, cette mission a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e dans le cadre du programme Cosmic Vision 2 de l’Agence Spatiale EuropĂ©enne (ESA) pour une Ă©tude de faisabilitĂ© des missions M3.
Cette mission similaire Ă la mission MARCO POLO Ă©tudiĂ©e Ă l’ESA lors de la sĂ©lection prĂ©cĂ©dente (classe M1/M2) bĂ©nĂ©ficiera par consĂ©quent de l’hĂ©ritage de trois Ă©tudes industrielles existantes. La mission a Ă©tĂ© rĂ©visĂ©e afin de rĂ©duire le coĂ»t du projet d’origine. La nouvelle Ă©tude MarcoPolo-R vers l’astĂ©roĂŻde primitif binaire 1996 FG3, s’effectuera avec une contribution de la NASA. Le choix d’un astĂ©roĂŻde binaire permettra d’effectuer l’exploration de processus gĂ©ophysiques et gĂ©ologiques fascinants sur les astĂ©roĂŻdes, impossible Ă effectuer sur un objet individuel.
La fenĂŞtre de lancement proposĂ©e se situe entre entre 2020 et 2024. Dans la mission de base, le lancement est prĂ©vu en 2021, avec une arrivĂ©e sur la cible en 2025 et le retour d’Ă©chantillon sur Terre en 2029.
MarcoPolo-R contribuera à une meilleure compréhension de l’origine et de l’évolution du système solaire, de la Terre, et de la vie elle-même. Les petits corps, comme résidus primitifs du processus de formation du système solaire, fournissent des indices sur le mélange chimique à partir duquel les planètes se sont formées il y a 4,6 milliards d’années. Les scénarios exobiologiques courants de l’origine de la vie évoquent une livraison exogène de matière organique à la Terre primitive : les petits corps primitifs pourraient avoir apporté des molécules organiques complexes capables de déclencher la synthèse pré-biotique des composés biochimiques sur la Terre primitive. D’ailleurs, les collisions de NEOs avec la Terre représentent un risque fini pour la vie.
L’objectif scientifique principal de la mission MarcoPolo-R est le retour d’échantillons de matière inaltérée provenant d’un astéroïde géocroiseur primitif.
MarcoPolo-R nous permettra d’analyser les échantillons dans les laboratoires terrestres, et d’obtenir de ce fait des mesures qui ne peuvent pas être encore effectuées in situ par une sonde spatiale robotique, comme par exemple la datation des événements principaux dans l’histoire d’un échantillon. Les techniques de laboratoire peuvent déterminer l’intervalle de temps entre la fin de la nucléosynthèse et de l’agglomération, la durée de l’agglomération, le temps de l’accumulation, l’âge de cristallisation, l’âge des événements principaux de chauffage et de dégazage, le temps du métamorphisme, le temps de l’altération aqueuse, et la durée de l’exposition au rayonnement cosmique.
La mission MarcoPolo-R fournira des informations cruciales pour répondre aux questions fondamentales suivantes qui définissent les objectifs scientifiques :
A partir des objectifs scientifiques fondamentaux indiqués ci-dessus, les objectifs suivants ont été dérivés :
Antonella Barucci dirige l’équipe scientifique de l’ESA pour la mission MarcoPolo-R. Plusieurs instruments français ont été proposés en réponse à l’appel d’offre préliminaire de l’ESA. Le spectro-imageur MARIS (MarcoPolo-R Imaging Spectrometer) dans le visible et le proche infrarouge, proposé par le LESIA, a été classé première priorité.
La figure montre toutes les images collectées par des missions spatiales durant des survols ou des visites dédiées à des astéroïdes et des comètes.
Le spectro-imageur MARIS, proposĂ© par le LESIA fera la cartographie de l’astĂ©roĂŻde dans la bande spectrale [0.4-4.0]µm avec une rĂ©solution spectrale moyenne de 200. L’instrument a Ă©tĂ© proposĂ© fin 2012 dans le cadre du programme Cosmic Vision M3, sous la responsabilitĂ© scientifique du LESIA, en collaboration avec le MPS-Lindau (Allemagne), le IAA-CSIC (Espagne) et l’IAS (France).
L’Ă©quipe du LESIA continue Ă Ă©tudier le dĂ©veloppement de l’instrument afin d’optimiser ses performances.
Le tableau ci-dessous liste le personnel technique LESIA impliquĂ© dans l’’Ă©tude de l’instrument MARIS.
Nom | Responsabilité |
---|---|
Antonella Barucci | PI (Principal Investigator) |
Jean-Michel Reess | Chef de projet et design optique |
Pernelle Bernardi | Design optique |
Jonathan Tanrin | Architecture mécanique |
Napoléon Nguyen Tuong | Architecture thermique |
Michel Marteaud | Design mécanique |
Yann Hello | Electronique et détecteur |
Florence Henry | Gestion de données |