lundi 5 décembre 2022
La soutenance de thèse de Jules BOURDELLE DE MICAS aura lieu le vendredi 9 décembre 2022 à 14h00 dans la salle de conférences du Château à Meudon.
Elle sera diffusée en direct sur la chaîne YouTube du LESIA :
"La composition des astéroïdes primordiaux, vestiges de la population des planétésimaux et membres des familles les plus anciennes"
L’objectif de ma thèse est d’étudier les astéroïdes les plus anciens de la ceinture principale dans le but de contraindre le gradient de composition dans le Système solaire primordial. J’ai mené plusieurs campagnes d’observations afin d’étudier spectroscopiquement les astéroïdes et les familles d’astéroïdes anciens sur l’ensemble de la ceinture principale. Au total, j’ai acquis 92 nouveaux spectres en utilisant les télescopes 1,82 m Copernico, LDT et TNG. Par la suite, j’ai complété l’étude des astéroïdes anciens en utilisant le catalogue spectral de la mission Gaia et des spectres disponibles en littérature.
Tout d’abord, mes travaux se sont portés sur l’étude des astéroïdes primitifs de la région interne de la ceinture principale. L’équipe de dynamiciens a identifié des objets comme étant des vestiges des planétésimaux, restés presque intacts depuis leur formation. Mes résultats montrent que ces astéroïdes, bien que dominés par le type S comme attendu, ont une proportion importante de planétésimaux carbonés, présentant des minéraux hydratés produits par l’action de l’eau liquide. Ce résultat implique que ce type d’objets se sont formés au-delà de la ligne des glace et ont été implantés dans la région interne de la ceinture principale. De plus, trois planétésimaux de type D/T sont observés. Ces objets, riches en composés organiques, se seraient formés dans le Système Solaire externe puis implantés dans cette région de la ceinture principale. Ces deux résultats indiquent qu’il y a eut un brassage important des petits corps suite aux migrations planétaires. Mes travaux dans la ceinture principale se sont poursuivis avec l’étude d’une famille silicatée récemment identifié et dont l’âge est estimée à environ 4,5 milliards d’années. À partir d’une liste de membres potentiels, fournie par l’équipe de l’observatoire de la Côte d’Azur, j’ai effectué des études spectroscopiques qui ont permis de caractériser la composition de ces objets et notamment d’identifier et éliminer les intrus de la liste. J’observe ainsi que la famille est dominée, à 73 %, par des objets silicatés avec une minorité d’astéroïdes de type X et V.
Par la suite, j’ai étudié les régions centrales et externes de la ceinture principale. J’ai travaillé la famille d’Itha qui a un âge inférieur à 1,5 milliard d’années. À travers une étude dynamique, mes observations et des données en littérature, j’ai pu affiner la liste des membres appartenant à Itha, en excluant des intrus et en considérant l’appartenance de certains objets en arrière-plan de cette famille. Ainsi, Itha est une famille dominée par des astéroïdes possédant une minéralogie combinant des objets silicatés et des objets appartenant au type L.
Sur la base des résultats obtenus avec les planétésimaux de la ceinture interne, j’ai effectué des études comparatives entre ces derniers et les astéroïdes ayant un diamètre de plus de 50 km localisés dans les régions centrales et externes de la ceinture principale. J’observe que la région interne de la ceinture possède majoritairement des planétésimaux silicatés tandis que la région externe est dominées par les astéroïdes carbonés et ceux appartenant au groupe X. La région centrale présente, quant à elle, une plus grande variété de classe taxonomique. J’ai contribué à l’étude de deux familles anciennes, Athor et Zita, en fournissant des spectres de certains de leur membres. Ces familles possèdent une majorité de membres du groupe X. Des études sur les pentes spectrales ont montré que la famille d’Athor serait à l’origine des météorites à enstatites EL. J’ai également contribué à l’étude de l’astéroïde (223) Rosa, candidat potentiel à un survol de la sonde JUICE en 2029.