mercredi 5 décembre 2012
La soutenance aura lieu le lundi 17 décembre 2012 à 14h00 dans l’amphithéâtre du bâtiment Evry Schatzman à Meudon
"Suivi de franges à quatre télescopes pour GRAVITY et astrométrie de précision"
Guy Perrin et Frédéric Cassaing
Ma thèse s’inscrit dans le contexte du développement de GRAVITY, instrument de deuxième génération du VLTI, dont la première lumière est prévue pour 2014. GRAVITY pourra recombiner jusqu’à quatre télescopes en bande K (∼ 2, 2 µ-m). Par stabilisation de la phase sur une étoile de référence de magnitude aussi faible que K = 10, il permettra de réaliser des mesures astrométriques avec une précision de 10 -µas sur des objets jusqu’à K = 15, et des images à référence de phase jusqu’à K = 16 avec une résolution de 4 mas. Mon travail de thèse consiste à développer les algorithmes du suiveur de franges de GRAVITY, sous-système essentiel pour permettre à l’instrument d’atteindre ces limites de sensibilité inégalées en interférométrie longue base infrarouge. Pour rendre possible des intégrations supérieures à 100 s sur la voie scientifique, il devra stabiliser les différences de marche à des résidus inférieurs à 350 nm rms sur l’étoile de référence, malgré les perturbations provoquées par le piston atmosphérique, des vibrations instrumentales, et des variations de flux des faisceaux recombinés.
Dans ce but, j’ai réalisé des simulations numériques de la boucle de contrôle dans son ensemble, en modélisant de façon réaliste les différentes sources de perturbations générant des fluctuations de différence de marche et des variations de flux dans les faisceaux recombinés. J’ai ainsi démontré que, par l’utilisation d’un contrôleur prédictif basé sur un filtre de Kalman utilisant un modèle des perturbations pour calculer les commandes aux actionneurs, les franges seront stabilisées à 310 nm rms sur une étoile de magnitude 10 dans les conditions d’observation attendues au VLTI en 2014. J’ai montré cependant que ces performances diminuaient fortement pour des conditions moins favorables. De plus, j’ai analysé l’efficacité du contrôleur Kalman pour compenser le piston atmosphérique et les vibrations par rapport aux algorithmes actuellement utilisés au VLTI. À partir de mesures sur ciel avec l’instrument PRIMA, j’ai montré que les perturbations sont mieux corrigées avec un contrôleur Kalman qu’avec le suiveur de franges de PRIMA. De plus, j’ai démontré par des simulations numériques que le filtre Kalman est plus efficace pour compenser les vibrations que l’algorithme VTK, consacré à leur correction au VLTI. J’ai également développé un démonstrateur de laboratoire du suiveur de franges de GRAVITY, dans le but d’en valider expérimentalement la boucle de contrôle. J’ai ainsi pu analyser des spécificités absentes des simulations initiales, telles que la procédure d’étalonnage, et l’analyse de biais induits par une dispersion spectrale imparfaite.
Enfin, j’ai participé à un programme astrophysique pour lequel j’ai réalisé et analysé des observations interférométriques de la binaire X à forte masse Vela X-1 en infrarouge. J’ai mesuré un vent stellaire de tailles différentes dans les bandes H et K, démontrant la présence soit d’un fort gradient de température, soit d’évènements temporaires dans le vent. Une fois GRAVITY opérationnel, cette étude préliminaire sera étendue à des binaires X moins lumineuses, grâce à sa sensibilité inédite en interférométrie infrarouge. Pour conclure, mon travail de thèse a permis de démontrer que les performances du suiveur de franges sont compatibles avec les spécifications de GRAVITY, en faisant par conséquent le premier suiveur de franges à quatre télescopes à fonctionner sur des sources faibles, et ce malgré des perturbations importantes. GRAVITY et son suiveur de franges ouvrent ainsi la voie à des observations astrophysiques inédites en interférométrie optique.