jeudi 21 juin 2018
En 2014 étaient révélées, grâce à l’instrument SPHERE de l’ESO, d’étranges structures au voisinage de l’étoile AU Microscopii. Les astronomes du LESIA de l’Observatoire de Paris peaufinent leurs observations qui font l’objet d’un article dans la revue Astronomy & Astrophysics, en date du 15 juin 2018.
Crédits : ESO / SPHERE consortium / A. Boccaletti
AU Microscopii (abréviée AU Mic) est une étoile de l’hémisphère sud située à une distance d’environ 10 parsecs soit 33 années lumière. Il s’agit d’un système jeune d’une vingtaine de millions d’années, qui contient encore de grandes quantités de poussières.
Ces poussières sont distribuées dans un disque en forme d’anneau, appelé “disque de débris” car les poussières y sont produites par des collisions constantes entre de grands corps de types astéroïdes, ou déposées par des comètes. Il s’agit donc probablement d’un système planétaire en formation où des planètes pourraient déjà exister.
Le disque d’AU Mic a la particularité d’être vu par la tranche et s’étend sur des distances supérieures à 200 unités astronomiques (1 u.a. = distance Terre-Soleil).
Les premières observations de l’instrument SPHERE en 2014 ont révélé la présence de grandes structures de poussières présentant des formes d’ondulations, visibles "au-dessus" du plan médian du disque. La comparaison avec des données plus anciennes du télescope spatial Hubble ont montré que ces structures existaient déjà en 2010 et qu’elles s’étaient déplacées entre 2010 et 2014, avec pour certaines des vitesses très élevées (environ 10 km/s), ce qui correspond à une vitesse supérieure à la vitesse d’échappement. Ces poussières seraient donc éjectées du système et échapperaient à l’attraction de l’étoile.
Des observations publiées le 15 juin 2018 dans la revue Astronomy & Astrophysics montrent que le déplacement des structures s’est poursuivi entre 2014 et 2017 avec des vitesses de plusieurs km/s et que de nouvelles structures sont apparues. D’autres part l’analyse de données plus anciennes que les observations de Hubble de 2010 a montré que des structures étaient présentes dès 2004.
AU Mic est en réalité une étoile moins massive que le Soleil mais beaucoup plus active. Deux hypothèses impliquant l’activité de l’étoile sont considérées pour rendre compte de l’existence et du déplacement des structures observées :
Pour essayer de répondre à ces questions et comprendre la formation des structures de poussières dans le système AU Mic, il est crucial de continuer les observations avec l’instrument SPHERE et le HST (télescope spatial Hubble) ainsi qu’avec les futurs télescopes comme le JWST (James Webb Space Telescope).