vendredi 12 janvier 2018
(mise à jour le 14 février 2018)
PicSat a Ă©tĂ© lancĂ© le 12 janvier 2018 pour Ă©tudier en continu l’Ă©toile Beta Pictoris, son exoplanète et son cĂ©lèbre disque de matière, grâce Ă un tĂ©lescope de 5 cm de diamètre. Ce nanosatellite a Ă©tĂ© conçu et construit en trois ans seulement par des chercheurs et ingĂ©nieurs du LESIA, avec le soutien de l’UniversitĂ© PSL, du CNES, de l’ERC et de la FONDATION MERAC.
Communiqué de presse
Il est grand comme trois pommes, ou plutĂ´t comme les trois cubes de 10 centimètres de cĂ´tĂ© qui le composent. Il n’est pas plus lourd qu’un chat (3,5 kg). Sa consommation Ă©lectrique, d’environ 5 W, Ă©quivaut Ă celle d’une ampoule Ă©conomique. Et son tĂ©lescope ne fait que cinq centimètres de diamètre, comme ceux des astronomes amateurs dĂ©butants. Pourtant, ce nanosatellite va permettre de mieux connaitre le système de l’Ă©toile Beta Pictoris, une star du ciel de l’hĂ©misphère Sud.
Beta Pictoris n’est qu’Ă 63,4 annĂ©es-lumière de nous et très brillante, ce qui la rend facile Ă Ă©tudier. Cela tombe bien : c’est une Ă©toile extrĂŞmement jeune, seulement 23 millions d’annĂ©es, qui passionne les chercheurs depuis la dĂ©couverte d’un grand disque de poussières, de gaz et de dĂ©bris rocheux autour d’elle, au dĂ©but des annĂ©es 1980. Ce disque, vestige du nuage primitif qui a donnĂ© naissance Ă l’Ă©toile, est un cas d’Ă©tude rare pour les astronomes du monde entier, qui le scrutent rĂ©gulièrement depuis : mieux connaĂ®tre Beta Pictoris, c’est mieux comprendre la formation des planètes gĂ©antes et des systèmes planĂ©taires en gĂ©nĂ©ral. En 2009, une Ă©quipe française dirigĂ©e par Anne-Marie Lagrange [1] y a dĂ©couvert une planète gazeuse gĂ©ante : Beta Pictoris b, sept fois plus massive que Jupiter, qui tourne autour de son Ă©toile Ă 1,5 milliard de kilomètres de distance, comme Saturne autour du Soleil.
Or, vue de la Terre, la planète Beta Pictoris b pourrait passer devant son Ă©toile d’ici l’Ă©tĂ© 2018. Observer ce transit, qui se reproduit tous les 18 ans, permettrait de dĂ©duire la taille exacte de l’exoplanète, l’Ă©tendue et la composition de son atmosphère, et sa composition chimique. Mais un transit de la planète ne durera que quelques heures. RĂ©ussir Ă observer ce phĂ©nomène, dont on ne connait pas le moment exact, impose donc une surveillance continue du système planĂ©taire : c’est possible seulement depuis l’espace, notamment pour Ă©chapper au cycle jour-nuit et au passage des nuages.
Pour tenter d’observer ce transit, seul un satellite très lĂ©ger, un nanosatellite, pouvait ĂŞtre dĂ©veloppĂ© en un dĂ©lai très court. PicSat a Ă©tĂ© conçu puis construit en trois ans seulement, grâce Ă l’utilisation de modules de base cubiques “CubeSat”, un format conçu aux Etats-Unis, Ă visĂ©e pĂ©dagogique, pour des projets Ă©tudiants. Pour le CNRS et l’Observatoire de Paris, c’est le tout premier satellite entièrement conçu et intĂ©grĂ© dans leurs murs. PicSat est nĂ© d’une idĂ©e de Sylvestre Lacour, astrophysicien CNRS au LESIA, en collaboration avec Alain Lecavelier des Etangs, de l’Institut d’Astrophysique de Paris (CNRS/Sorbonne UniversitĂ©), qui travaille sur le système Beta Pictoris depuis de nombreuses annĂ©es. Sylvestre Lacour a concrĂ©tisĂ© ensuite le projet au sein de son laboratoire, le LESIA avec une petite Ă©quipe de chercheurs et ingĂ©nieurs. C’est ainsi une nouvelle approche instrumentale qui s’amorce pour la recherche spatiale française. Les dĂ©veloppements technologiques se sont opĂ©rĂ©s dans le cadre du campus spatial C2ERES de l’UniversitĂ© PSL, sur le site de l’Observatoire de Paris, Ă Meudon. Le projet PicSat s’est concrĂ©tisĂ© principalement grâce Ă un financement de l’European Research Council (ERC). Il a reçu Ă©galement le soutien du CNES, du Labex ESEP [2] et de la FONDATION MERAC dans le cadre de son programme d’aide aux jeunes chercheurs en astrophysique.
C’est le 12 janvier 2018 Ă 4h58 (heure française) que dĂ©collera le lanceur indien PSLV pour placer PicSat sur une orbite polaire Ă 505 km d’altitude, en mĂŞme temps que trente autres satellites. PicSat sera ensuite exploitĂ© Ă partir du LESIA, Ă Meudon. Cependant, la station du laboratoire ne pourra observer le satellite qu’environ 30 minutes par jour. Or, PicSat transmet sur les frĂ©quences radioamateurs [3], grâce Ă l’aide du RĂ©seau des Ă©metteurs français (REF). Toute personne disposant d’un minimum d’Ă©quipement de rĂ©ception radio pourra Ă©couter ses transmissions. L’Ă©quipe PicSat invite donc les radioamateurs Ă collaborer pour suivre le satellite, recevoir ses donnĂ©es et les transmettre Ă la base accessible sur internet. Sur PicSat.obspm.fr, toute personne intĂ©ressĂ©e peut s’inscrire, suivre les mises Ă jour et, si elle le souhaite, faire partie du rĂ©seau radio.
PicSat est prĂ©vu pour fonctionner pendant un an. Dès qu’il observera le dĂ©but du transit de la planète ou tout autre phĂ©nomène, le tĂ©lescope de 3,6 mètres de diamètre de l’ESO, Ă la Silla au Chili, sera immĂ©diatement activĂ© pour observer le phĂ©nomène Ă son tour Ă l’aide de l’instrument Harps. AssociĂ©es Ă celles de PicSat, ses donnĂ©es permettront d’affiner les mesures.
Photo Maarten Roos - LESIA / Observatoire de Paris-PSL
Responsable de la mission
Responsable technologique du satellite
Presse CNRS :
Presse Observatoire de Paris - PSL :
[1] Chercheuse CNRS de l’Institut de planĂ©tologie et d’astrophysique de Grenoble (CNRS/UniversitĂ© Grenoble Alpes)
[2] (Observatoire de Paris-PSL/CNRS/Sorbonne UniversitĂ©/UVSQ/UPEC/UniversitĂ© d’OrlĂ©ans/ENS)
[3] 145.910 MHz (voie montante) et 435.925 MHz (voie descendante)