lundi 30 juin 2014
(mise à jour le 1er juillet 2014)
La sonde Rosetta de l’ESO a découvert que la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko libère dans l’espace l’équivalent de deux petits verres d’eau par seconde, malgré les basses températures qu’elle rencontre à 583 millions de kilomètres du Soleil.
Les premières observations de vapeur d’eau s’échappant de la comète ont été faites par l’instrument "Microwave Instrument for Rosetta Orbiter" (MIRO) le 6 juin, alors que la sonde était à 350000 kilomètres environ de la comète.
Depuis cette première détection, de la vapeur d’eau a été détectée à chaque fois que MIRO a observé la comète.
"Nous avons toujours su que nous verrions de la vapeur d’eau dégazée par la comète, mais nous avons été surpris de l’observer aussi tôt", déclare Sam Gulkis, le responsable principal du projet au Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA, à Pasadena, en Californie (USA). "Avec un tel taux de dégazage, la comète remplirait une piscine olympique en 100 jours environ. Mais, en se rapprochant du Soleil, la production de gaz va aller en s’amplifiant. Avec Rosetta, nous avons une incroyable opportunité d’observer ces changements de très près et d’en apprendre plus sur la façon dont ils se produisent."
Avec le monoxyde de carbone, le méthanol et l’ammoniaque, l’eau est un composant volatile majeur des comètes. MIRO est conçu pour nous aider à déterminer l’abondance de chacun de ces éléments afin de comprendre la nature du noyau de la comète, le processus de dégazage et d’où ils viennent à la surface de la comète.
Ces gaz s’échappent du noyau en emportant de la poussière, qui forment alors la "coma" qui entoure la comète. Lorsque la comète se rapprochera du Soleil, la coma va s’étendre et la pression du vent solaire fera alors s’échapper une partie de cette matière en une longue queue.
Rosetta sera là pour voir ces phénomènes de près. La comète, ainsi que Rosetta, sera au plus proche du Soleil en août 2015, entre les orbites de la Terre et de Mars.
Déterminer les changements de taux de production de vapeur d’eau et des autres gaz alors que le corps glacé se déplace autour du Soleil est d’importance pour la science cométaire. Mais c’est aussi vital pour la planification de la mission car lorsque Rosetta sera plus proche de la comète, les éjections de gaz pourraient altérer la trajectoire de la sonde.
"Notre comète est en train de sortir du sommeil dans lequel elle était plongé dans l’espace lointain et elle commence à se montrer aux les instruments de Rosetta", déclare Matt Taylor, le responsable scientifique de Rosetta à l’ESA.
"Les ingénieurs de Rosetta vont aussi utiliser les observations de MIRO pour planifier les futurs événements de la mission lorsqu’elle sera proche du noyau de la comète."
Aujourd’hui, la sonde est à moins de 72000 km de sa destination. Six des dix manoeuvres de rendez-vous doivent encore être menées pour s’assurer que Rosetta arrive à juste 100 km du noyau le 6 août.
MIRO est un petit et léger spectromètre, le premier du genre lancé dans l’espace lointain. L’équipe scientifique de MIRO comprend 22 scientifiques des USA, de France, d’Allemagne et de Taïwan. Comprenant un radiotélescope fait pour l’observation au sol mais miniaturisé, il a été conçu pour étudier la composition, la vitesse et la température des gaz sur, ou proche, de la surface de la comète et pour mesurer la température de noyau jusqu’à une profondeur de plusieurs centimètres. Etudier la température du noyau ainsi que l’évolution de la comète et de la queue fournira des informations sur la façon dont la comète évolue alors qu’elle s’approche puis s’éloigne du Soleil, et d’en apprendre plus sur la façon dont cela se produit.
Durant les survols d’astéroïdes Steins et Lutetia par Rosetta, respectivement en 2008 et 2010, l’instrument a mesuré l’émission thermique de ces astéroïdes et a tenté de détecter de la vapeur d’eau.
MIRO a été construit au JPL de la NASA, laboratoire du responsable principal du projet Samuel Gulkis. Les sous-systèmes hardware ont été fournis par le Max-Planck Institute for Solar System Research et le LERMA de l’Observatoire de Paris.
Six chercheurs du LESIA sont co-investigateurs de l’instrument MIRO. Leur contribution dans le projet concerne la définition de l’instrument, le calcul du taux de production, et le développement de modèles pour les analyses futures.
Source : communiqué de presse de l’ESA