mercredi 23 mars 2022
Sylviane Chaintreuil est décédée le 19 mars, dans sa 66e année et cette disparition nous touche tous profondément. Ingénieure de recherche de classe exceptionnelle, médaille de Cristal du CNRS en 2011, Sylviane était encore active dernièrement, même si la maladie l’a ralentie ces derniers mois. Elle pensait prendre sa retraite à l’été 2022.
© Photo CNRS - Cyril Fresillon
Sylviane est arrivée au DESPA, ancêtre du LESIA, en janvier 1989, après un début de carrière chez Thomson-CSF (devenu Thales). Elle a été embauchée pour renforcer le service informatique et a très vite joué un rôle prédominant au laboratoire. Elle a, comme ingénieure en informatique, géré tous les aspects de cette branche en constante évolution, de la gestion informatique du laboratoire, à l’architecture réseau et la gestion des segments sol de missions spatiales. En 2007, elle a pris en charge la responsabilité du pôle informatique du LESIA (nommé LEOPARD). Mais son rayonnement dépassait largement le cadre de l’informatique et, dès son arrivée, elle a été très présente dans la vie du laboratoire.
Son expertise l’a rendue très appréciée comme experte dans les comités de l’INSU, à la commission informatique de la CSAA, à la Division technique de l’INSU ou dans les diverses commissions du conseil scientifique de l’Observatoire.
Pour tous ceux qui l’ont côtoyée, la dimension humaine restera prédominante dans nos souvenirs. Elle avait accepté la tâche difficile de directrice-adjointe du LESIA de 2014 à 2018, première ingénieure dans ces fonctions, et avait su par ses qualités d’écoute faire avancer la restructuration du laboratoire avec la mise en place d’une direction technique (tenue par Yann Hello). Dans les réunions du conseil de direction du LESIA, elle apportait son éclairage avec douceur mais ténacité, pour toujours œuvrer en faveur du consensus. Pour toutes les personnes qui en avaient besoin, elle était d’une disponibilité sans faille et beaucoup lui doivent la grande aide qu’elle apportait dans la préparation des concours ou pour conseiller les choix de carrière.
Elle a souhaité s’engager, dès le début des années 2000, dans le domaine de la gestion des données spatiales avec Corot, mission pour laquelle elle a joué un rôle prépondérant en coordonnant l’ensemble des activités du segment sol et en prenant la responsabilité de la base de données des étalonnages. Dans cette mission, bien plus encore que dans toutes celles qui l’ont précédée, la qualité finale des résultats scientifiques dépendait du traitement sol des données, et c’est donc en grande partie à Sylviane que nous devons les grandes avancées permises par CoRoT dans le domaine de la physique stellaire et dans celui des exoplanètes.
A partir de 2014, Sylviane s’est impliquée dans le projet RPW/Solar Orbiter en tant que chef de projet. Dans un contexte difficile pour le projet, elle a tout fait pour réduire les tensions, gérer les relations complexes avec l’ESA et le CNES et faire avancer le projet au mieux. Elle a ainsi grandement contribué au succès de RPW.
Cependant, Sylviane avait aussi toujours voulu mener de front une activité syndicale au sein du SGEN-CFDT à l’Observatoire (dont elle était secrétaire de section depuis 2009), et comme élue syndicale à la section 17, au Conseil Scientifique d’institut de l’INSU, puis du CNRS en 2018. Sylviane a toujours été très impliquée dans la vie sociale de l’Observatoire, dès son arrivée dans l’établissement. Elle fut tout d’abord présidente du comité de gestion du Centre de Loisirs Educatifs (CLE) de l’Observatoire dans les années 1990. Puis présidente du CESOP de 2003 à 2006, et vice-présidente de 2006 à 2012. Durant ces années de responsabilité au CESOP, elle a mis en place les moyens et ressources humaines nécessaires à une gestion rigoureuse de l’association, qui en bénéficie encore de nos jours. En 2019, elle s’est tournée vers le CAES du CNRS, dont elle est devenue secrétaire générale à mi-temps. Nous garderons le souvenir d’une collègue et amie chaleureuse et généreuse, passionnée par son travail, d’une grande compétence et d’une grande rigueur, et toujours ouverte au dialogue. Toutes nos pensées vont à sa famille et à ses proches.
La rédaction de cet hommage a été coordonnée par Pierre Drossart, avec les contributions de Claude Catala, Yann Clénet, Thérèse Encrenaz, Agnès Fave, Florence Henry et Milan Maksimovic.
Meudon, le 23 mars 2022