vendredi 12 juin 2009
(mise à jour le 11 juin 2009)
Yvon Biraud a disparu le 21 mai dernier. Il avait effectué une longue carrière de chercheur CNRS à l’Observatoire de Paris et en particulier au LESIA.
Ancien élève de l’ENS de St Cloud, Yvon Biraud est arrivé à l’Observatoire en 1965.
Il a d’abord fait partie du département de Radioastronomie, où il a travaillé sur la réduction des données provenant de l’interféromètre à deux antennes de Nançay. Le but était d’essayer d’augmenter le pouvoir séparateur de l’instrument. Il a pour cela développé une méthode (qui porte maintenant son nom) qui permet d’« inventer » des fréquences spatiales non observées, pour obtenir une solution respectant des contraintes extérieures, par exemple d’être positive, s’il s’agit d’une température de brillance.
Cette approche est très générale, et peut s’appliquer à tous les signaux provenant d’une convolution de l’objet par la fonction instrumentale. C’est pourquoi il a vite été amené à collaborer avec des collègues dans des disciplines variées, voire inattendues. Citons l’imagerie (TGV) ou la spectroscopie acoustiques (habitacle de voiture…). Ou, plus conventionnellement, l’imagerie médicale par scintigraphie. Enfin, cela l’avait naturellement amené à l’étude des sonars biologiques (dauphins, chauves-souris). Il est regrettable que sa méthode n’ait pas été plus utilisée en (radio)astronomie et en France, mais elle l’a été aux USA et au Canada.
Parallèlement à ses activités dans le domaine du traitement du signal, Yvon Biraud a participé à la création du groupe Infra-Rouge Spatial, qu’il a dirigé pendant deux ans. Il a alors contribué à diverses observations astronomiques utilisant des spectromètres infrarouges embarqués sous ballon stratosphérique, ou installés à l’observatoire du Gornergrat en Suisse, puis à bord de l’avion C141, (KAO) observatoire de la NASA.
Son expertise reconnue en traitement mathématique du signal et méthodes d’analyse spectrale de Fourier l’a conduit à participer pleinement aux travaux de l’équipe responsable (GSFC, NASA) du spectromètre infrarouge CIRS de la mission spatiale planétaire CASSINI, actuellement en orbite autour de Saturne. C’est naturellement aussi que dans le cadre de départements de l’Observatoire (DESPA, puis LESIA), il s’est fortement impliqué dans l’analyse des données d’observations infrarouges de Jupiter durant la collision de la comète SL9 en juillet 1994 (obtenues au grand télescope de Zelentchuk), puis de spectres millimétriques acquis durant la dizaine d’années qui ont suivi (essentiellement au radiotélescope de l’IRAM). Ses collègues de travail ont toujours apprécié sa pertinence scientifique lors de la publication de ces divers travaux. En ondes radio millimétriques et submillimétriques, et toujours dans le domaine planétaire, ses activités plus récentes avaient porté sur des mesures de spectres des atmosphères de Neptune et Titan, donnant lieu à des résultats originaux qui ont été publiés il y a quelques années.
Les quelques éléments de ce petit texte en hommage à Yvon en raison de sa longue et active carrière de chercheur au CNRS rappellent la grande ouverture d’esprit et le caractère pluridisciplinaire de ses travaux de recherche, que l’on considère à présent comme essentiels. Ils ne reflètent cependant pas les qualités indéfectibles d’accueil et l’inlassable disponibilité scientifique d’Yvon, que nous voulons souligner ici, et dont ont bénéficié nombre d’étudiants et de ses collègues français et étrangers.
Transmis par André Marten