mercredi 2 février 2011
(mise à jour le 3 février 2011)
Nous apprenons avec tristesse la mort de Yolande Dulk Leblanc lundi 31 janvier à Paris.
Yolande Leblanc a travaillé au LESIA sur le rayonnement décamétrique de Io et Jupiter, et les émissions du milieu interplanétaire. Elle avait, avec George Dulk, obtenu des résultats importants sur la géométrie des ceintures de rayonnement de Jupiter. Les personnes qui l’ont connue se rappelleront son enthousiasme dans le travail.
Un hommage lui sera rendu le vendredi 4 février à 10 heures, à la chambre funéraire des Batignolles, 1 boulevard Général Leclerc à Clichy.
D’origine tunisienne, après avoir effectué ses études universitaires en France, Yolande a commencé sa carrière dans la Recherche au Service d’Aéronomie, sous la direction de J.E. Blamont, puis a soutenu, en 1969, sa Thèse de Doctorat d’Etat, sous la direction d’André Boischot, au Département de Radioastronomie de l’Observatoire de Paris. Sa thèse portait sur un problème encore d’actualité, la détermination de la densité et de la température dans la Couronne Solaire, en utilisant les mesures radio à basse fréquence. Son modèle de densité de la Couronne est encore souvent utilisé pour les périodes de soleil « calme », comme celui de Newkirk l’est pour les périodes actives.
Avec André Boischot et le Groupe Décamétrique, elle a participé ensuite à plusieurs grandes aventures de la Radioastronomie, d’abord à Nançay, puis au niveau international.
Le développement, à Nançay, d’une instrumentation radio à large bande pour la spectroscopie des sursauts solaires, et son utilisation réussie en 1970 avec le radiotélescope géant d’Arecibo, a vite démontré l’intérêt d’un instrument de grande surface de captation pour la radioastronomie aux très basses fréquences. Ceci a donné naissance au Réseau Décamétrique de Nançay, spécialisé dans l’étude des sursauts radio dans la Couronne Solaire et dans la magnétosphère de Jupiter. Yolande a participé au dessin de l’instrument et à sa construction, terminée en 1978, puis l’a utilisé activement pour de nombreuses contributions personnelles ou en collaboration, sur la structure de la Couronne et les phénomènes d’accélération dans les sursauts solaires puis, plus tard, avec George Dulk, sur la polarisation des sursauts décamétriques de Jupiter.
Yolande, avec André Boischot et quelques autres français, a ensuite été l’un des rares scientifiques non américains à participer officiellement à la mission Voyager. Membre de l’équipe « Planetary Radio Astronomy » dès le début de la mission, elle a participé aux découvertes des magnétosphères de Jupiter et de Saturne d’abord, puis d’Uranus et Neptune, et contribué, de manière significative, à l’étude de leurs émissions radio. Entre 1980 et 1990, elle a signé ou cosigné plus d’une centaine d’articles sur les émissions radio planétaires et noué des collaborations fructueuses avec nombre de collègues étrangers pour l’étude de leur contexte magnétosphérique (F. Bagenal, S. Gulkis, C. Barrow, B. Jackson, H. Rucker, T. Bastian, …).
Sa rencontre avec George Dulk, d’abord scientifique puis plus personnelle, l’a entrainée vers d’autres travaux, notamment l’observation au VLA de la collision de la comète Shoemaker-Levy 9 avec Jupiter, en 1999, et l’analyse approfondie de ses effets sur les ceintures de rayonnement et la production d’émission radio synchrotron.
La contribution publiée de Yolande s’arrête en 2002, l’année où elle prend sa retraite, après un retour vers la physique solaire et l’étude du milieu interplanétaire, dans le cadre de la mission spatiale Ulysses.
Au cours de sa carrière CNRS, entièrement menée à l’Observatoire de Paris, l’apport de Yolande à la communauté s’est aussi traduit par l’encadrement de jeunes chercheurs et la direction de nombreuses thèses. Nous nous souviendrons de sa ténacité dans le travail et de ses capacités à nouer des collaborations scientifiques variées et toujours fructueuses.