lundi 19 mars 2012
C’est avec une profonde tristesse que nous apprenons le décès survenu vendredi 16 mars de Meïr Semel dans sa quatre-vingtième année, des suites d’un accident vasculaire cérébral. Il était encore parmi nous au LESIA jusqu’à ces dernières semaines.
Meïr Semel avait soutenu sa thèse "Contribution à l’étude des champs magnétiques dans les régions actives solaires", au Service Solaire de l’Observatoire, en 1967. Son compagnonnage avec Jean Rayrole (décédé le 8 mars 2008), dans le même bureau pendant la préparation de leurs thèses respectives soutenues quasiment en même temps, est resté légendaire. Meïr sera pour toujours le théoricien de référence de l’effet Zeeman en astrophysique. Il est le père d’une loi permettant de mesurer (à distance) le champ longitudinal en dehors de l’approximation des champs faibles, malheureusement restée insuffisamment connue à travers le monde mais utilisée avec succès par Jean Rayrole avec le télescope THEMIS. De par la relation toute naturelle entre l’effet Zeeman et la polarisation, Meïr était aussi un théoricien pionnier de la mesure de polarisation. Il y réfléchissait beaucoup et inventait sans cesse. Il pratiquait l’expérimentation de ses idées. Il était en train d’ouvrir la voie à la nouvelle polarimétrie ("eigenpolarimetry") qu’il va falloir inventer à l’heure de l’optique adaptative, malheureusement incompatible avec la séparation de faisceau au foyer primaire selon le concept de base du télescope THEMIS.
Meïr avait un esprit très ouvert et curieux et a aussi défriché la voie de l’effet Zeeman-Doppler pour la mesure des champs magnétiques stellaires. Dans toutes ces voies, Meïr a formé des étudiants tous très brillants. Nous ne pourrons oublier sa curiosité insatiable, son intelligence fine, ni son éternel sourire. Meïr est un prénom hébreu signifiant : "brillant, lumineux". C’était prédestiné.
Hommage rédigé par Véronique Bommier et Jean-Marie-Malherbe