mardi 5 octobre 2010
(mise à jour le 27 octobre 2010)
Audouin Dollfus est décédé le 1er octobre à l’âge de 85 ans.
Il était aéronaute et astronome honoraire de l’Observatoire de Paris.
Après avoir découvert l’astronomie à l’âge de 8 ans, Audouin Dollfus est entré à l’observatoire de Meudon en 1945. Élève de Bernard Lyot, il était spécialiste du système solaire, ce qui lui a notamment permis de découvrir Janus, un nouveau satellite de Saturne, en 1966.
Aéronaute intrépide, il s’est rendu mondialement célèbre par ses observations astronomiques réalisées en altitude, depuis la nacelle d’un ballon stratosphérique, à partir de 1959.
Il a également développé de nouvelles techniques d’observation, en utilisant par exemple la polarisation de la lumière et a ainsi proposé le premier la composition du sol martien.
Impliqué dans les programmes planétaires de la Nasa et de l’agence soviétique IKI, il a été président du centre de données photographiques sur les planètes de l’Union astronomique internationale de 1961 à 1980.
Audouin Dollfus poursuivit les recherches entreprises à l’observatoire de Meudon sur la physique solaire. Il exploita de nombreuses observations obtenues avec polarimètres photoélectriques et coronographes, au sol, au cours d’éclipses ou en ballon, pour étudier la densité électronique des structures de la couronne. Il poursuivit également des recherches sur le disque du Soleil, en développant un filtre birefringent de type Lyot, dit "Filtre Polarisant Solaire Sélectif", qui permettait des mesures de vitesse de matière, ainsi que des mesures de champ magnétique par observations successives des paramètres de Stokes (voir les films numérisés).
Ce filtre, d’abord monté sur la lunette de 28 cm de l’observatoire de Meudon, fut transporté dans les années 1990 sur la lunette Jean Rösch de 50 cm, pour bénéficier des hautes qualités du site de l’observatoire du Pic du Midi. Audoin Dollfus obtint de nombreux résultats sur les oscillations de 5 minutes ainsi que sur les corrélations entre champ magnétique et brillances dans les structures fines de la photosphère solaire.
Photo G. Servajean
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
L’exceptionnelle qualité de ses travaux, reconnus en France et dans le monde entier, a été récompensée en 1973 par le prix Galabert d’astronautique, en 1993 par le prix Jules Janssen, la plus haute distinction décernée par la Société astronomique de France, puis par le Grand prix de l’Académie des sciences en 1988.
Audouin Dollfus a eu le souci de transmettre ses découvertes aux jeunes générations en faisant revivre avec passion les grandes étapes de l’observation astronomique à laquelle il a largement contribuée. Ses ouvrages ("50 ans d’astronomie : comprendre l’univers", "Les autres mondes, visions d’astronome", etc) ont largement permis de vulgariser les avancées de l’astronomie et de stimuler la curiosité pour ce domaine.
Il continuait à fréquenter régulièrement le site de Meudon de l’Observatoire de Paris. Son nom reste immanquablement attaché au télescope de 1 mètre où il a accompli nombre de ses travaux et qu’il a contribué à rénover. Il publiait encore récemment dans la revue L’Astronomie des articles historiques. L’astéroïde (2451) Dollfus porte son nom.
Quelques éléments de biographie
Certains films réalisés par Audoin Dollfus dans le cadre de ses recherches et missions scientifiques ont été numérisés par la Bibliothèque et sont disponibles en ligne :
- Un film sur les oscillations solaires réalisé en 1983 en posant une caméra derrière le FPSS (Filtre Polarisant Solaire Sélectif) et la lunette montée sur le télescope de 1 mètre à Meudon ;
- Six films sur les observations rapprochées du soleil réalisées entre 1958 et 1961 depuis la nacelle d’un ballon stratosphérique pilotée par un dispositif automatique et équipée de deux caméras ;
- Un film sur le comportement de la grappe de ballons de la nacelle spatiale du vol avec pilote de 1961.
Vous pouvez découvrir ces documents en cliquant ci-dessous sur le lien correspondant à chaque film.
Audouin Dollfus s’est beaucoup investi dans la préservation du patrimoine de l’Observatoire de Meudon qu’il a infatigablement collecté et sauvegardé au cours des vingt dernières années. On lui doit également un inventaire complet de l’ensemble des instruments du site.
Dans le cadre du programme de collecte d’archives orales mis en place en 2009, il a été interviewé à trois reprises en avril 2010. Dans ce témoignage, qui représente une dizaine d’heures d’enregistrement et est consultable à la Bibliothèque de l’Observatoire, il revient sur l’ensemble de sa carrière, de ses travaux scientifiques, de son engagement en faveur du patrimoine.
Durée : 4 minutes 30